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Plages

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  La Fin Jules Delavigne Pourquoi on aime tellement regarder le soleil qui se couche ? Sur un lac doré, derrière une montagne rose Ou sur une plage déserte un soir d’été Cette boule de feu plongeant doucement dans la mer lointaine Le soleil qui se lève, c’est l’expectation, le début Mais les débuts sont vides, nous les comprenons Les débuts sont là pour donner du sens aux fins Nous sommes toujours fascinés par les fins Même si ce ne sont que des fausses fins Comme la fin d’un voyage ou d’un film On sait bien qu’à la fin d’un film, l’histoire continue après Il faut juste l’écrire Le soleil qui se couche doucement un soir d’été Nous ramène chaque fois vers cette fascination de la fin La fin de la journée ou la fin sans fin ? Regarder le soleil qui se couche nous aide à mieux comprendre Que nous ne comprenons rien de la fin, car la fin c’est la fin Et à la fin, il n’y a rien Jules Delavigne,  Conclusions , 2008

Iles

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Parfum exotique  Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,  Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,  Je vois se dérouler des rivages heureux  Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;  Une île paresseuse où la nature donne  Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;  Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,  Et des femmes dont œil par sa franchise étonne.  Guidé par ton odeur vers de charmants climats,  Je vois un port rempli de voiles et de mâts  Encore tout fatigués par la vague marine,  Pendant que le parfum des verts tamariniers,  Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,  Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.  Charles Baudelaire   Anaga - Tenerife

Volcans

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Dorsale bossale il y a des volcans qui se meurent il y a des volcans qui demeurent il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent il y a des volcans fous il y a des volcans ivres à la dérive il y a des volcans qui vivent en meutes et patrouillent il y a des volcans dont la gueule émerge de temps en temps véritables chiens de la mer il y a des volcans qui se voilent la face toujours dans les nuages il y a des volcans vautrés comme des rhinocéros fatigués dont on peut palper la poche galactique il y a des volcans pieux qui élèvent des monuments à la gloire des peuples disparus il y a des volcans vigilants des volcans qui aboient montant la garde au seuil du Kraal des peuples endormis il y a des volcans fantasques qui apparaissent et disparaissent (ce sont jeux lémuriens) il ne faut pas oublier ceux qui ne sont pas les moindres les volcans qu’aucune dorsale n’a jamais repérés et dont de nuit les rancunes se construisent il y a des vol

Vagues

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Rythme des vagues J’étais assis devant la mer sur le galet. Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet, Après s’être gonflés en accourant du large, Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge, Se brisaient devant moi, rythmés et successifs. J’observais ces paquets de mer lourds et massifs Qui marquaient d’un hourra leurs chutes régulières Et puis se retiraient en râlant sur les pierres. Et ce bruit m’enivrait; et, pour écouter mieux, Je me voilai la face et je fermai les yeux. Alors, en entendant les lames sur la grève Bouillonner et courir, et toujours, et sans trêve S’écrouler en faisant ce fracas cadencé, Moi, l’humble observateur du rythme, j’ai pensé Qu’il doit être en effet une chose sacrée, Puisque Celui qui sait, qui commande et qui crée, N’a tiré du néant ces moyens musicaux, Ces falaises aux rocs creusés pour les échos, Ces sonores cailloux, ces stridents coquillages Incessamment heurtés et roulés sur les plages Par la vague, pendant

Mendiantes

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Poème de Mostafa Être misérable, c’est vouloir Mais ne jamais pouvoir Être misérable, c’est ne rien avoir Et tout désirer Être misérable, c’est être généreux Mais ne pas trouver quoi offrir Être misérable, c’est aussi mille projets Et ne jamais les réaliser Être misérable, c’est être toujours Contraint de dire ‘oui’ Là où il fallait dire ‘non’ Être misérable, c’est être dépourvu de toute liberté Être misérable, c’est être préoccupé De son prochain repos sans avoir de quoi le préparer Être misérable, c’est chercher un petit territoire Juste de quoi avoir une baraque à soi pour se loger Être misérable, c’est tendre la main aux passants Toute la journée et même la nuit pour recevoir la charité Être misérable, ce n’est pas seulement mener une vie pleine D'amertume et de peine mais surtout désirer  s’éloigner De cette existence tourmentée et amère sans y arriver Être misérable, c’est se voir sur le point de tomber Dans un gouffre sans fond et ne plus po